Ni cabale, ni menaces contre Gilles Bernheim

Posté par Jean-Noël Darde

Dernière modification, le 17 avril 2013

Richard Prasquier, Président du CRIF a reconnu qu’ « Il n’y a eu ni cabale, ni curée », pas plus que « d’inquisition », contre Gilles Bernheim.

Restent les accusations proférées par Moche Lewin, l’ancien porte-parole de l’ex-grand rabbin, sur BFMTV [ici, une journaliste pugnace devant un rabbin déboussolé] selon lesquelles nous aurions proféré des « menaces » vis-à-vis du grand rabbin de France. Si ces prétendues menaces ont bien fait l’objet le 4 avril dernier d’un signalement au Ministère de l’intérieur, on parlera aussi de dénonciation calomnieuse.

En réalité, le «on m’a menacé»  veut dire : « C’est mon porte parole Moché Lewin qui a pris l’initiative d’appeler Jean-Noël Darde sur son portable et j’ai été ainsi informé de la mise en ligne d’un nouveau plagiat afin de me permettre de démissionner de moi-même et sauver la face ».

Gilles Bernheim parle en effet en novlang :

* Le « Lyotard m’a plagié » du 20 mars est l’aveu déformé d’un « j’ai plagié Lyotard ».

* Quand le grand rabbin affirme, toujours le 20 mars, à bibli-obs.com que son « amie » la psychanalyste Marie Balmary a « retranscri[t] presque à l’identique mes enseignements », cela signifie: « Marie Balmary n’est pas mon amie et je l’ai plagiée pour rédiger mes cours au centre Edmond Fleg ».

* Le 2 avril, « C’est la seule unique fois que je me suis livré à un tel arrangement [le recrutement d’un nègre] », une façon d’affirmer « Moi ou mes nègres ? Qu’importe, on plagie tous ensemble ».

* Enfin, on laissera à d’autres traduire ce propos tenu le 9 avril sur Radio-Shalom (à 6 mn 25″) «Quelqu’un qui est vraiment pervers et qui veut se servir du travail des autres, il n’imprime pas les choses telles quelles. »

Nulle cabale donc, Bernheim est le seul responsable de son malheur. Il vaut cependant la peine de résumer le concours de circonstances qui a finalement conduit G. Bernheim à prendre congé.

Philosophe de formation, Chloé Girardey a mené  des recherches sur Levinas qui l’ont conduite à lire son entretien avec Elisabeth Weber (Questions au judaïsme, DdB, 1996), puis celui entre Weber et Lyotard… Plus tard, en 2011, elle achète Quarante méditations juives de G. Bernheim. Avec son mari féru de théologie, Pierre Girardey, ils lisent le livre de Bernheim au rythme d’une méditation par jour… Le 26e jour… c’est au tour de la méditation « Le aleph ». Une impression de « déjà vu » et la méditation tourne court. La supercherie découverte, ils ne savent pas trop quoi faire. Mais deux ans plus tard, affecté dans un nouveau lycée, Pierre Girardey fait la connaissance de Jean-Clet Martin, professeur de philosophie, Deleuzien reconnu. Girardey lui fait part de cette découverte et Martin lui propose de la mettre en ligne sur son site, Strass de la philosophie.

Les deux textes en vis-à-vis, précédés d’une introduction malicieuse, sont mis en ligne le 7 mars… Benoît Hamon, un étudiant philosophe à la Sorbonne, donne plus d’écho à l’information le 18 mars en la relayant sur Theoria, un site animé par un groupe, majoritairement étudiant, dont les membres se partagent entre La Sorbonne, Sciences Po, avec un pied à l’ENS. Boris Eizykman, universitaire et ancien élève très proche de Lyotard m’informe du plagiat.

Cette affaire en serait probablement restée là sans la réaction de Gilles Bernheim dont on hésite à dire si elle est plus stupide que vile ou plus vile que stupide. Le 20 mars, comble de l’indignité, c’est non seulement en tant que Gilles Bernheim, auteur, mais aussi comme grand rabbin de France qu’il présente sur son site le scénario rocambolesque qui fait de Lyotard son plagiaire.

Maladresse aussi, puisque si Archéologie du copier-coller avait vocation à ignorer les plagiats de Gilles Bernheim, comme il a ignoré ceux de Rama Yade, Frédéric Lefebvre, PPDA ou Macé-Scaron, il va s’intéresser aux prétendus plagiats de Lyotard, universitaire, qui rentrent comme tels dans le champ d’intervention de ce blog. Ainsi, le titre du premier article consacré à cette affaire, le 25 mars, sera, Non, Jean-François Lyotard n’est pas un plagiaire plutôt que Oui, Gilles Bernheim est un plagiaire.

Peu de voix se sont élevées à ce moment, que ce soit dans la communauté juive ou chez les universitaires, à l’université Paris 8 notamment où Lyotard a pourtant enseigné pendant 17 ans, pour dénoncer ces accusations grotesques. Très choqué pour sa part par l’attitude du grand rabbin de France, Jean Nehoray, un jeune lecteur familier de la littérature hassidique, co-signe le 22 mars avec Benoît Hamon, sur Theoria, le premier démontage de la fable du Bernheim plagié par Lyotard.

Le 25 mars, Archéologie du copier-coller présente d’autres « co-auteurs » de contrebande de l’introduction des Quarante méditations : Jean Grosjean, Élie Wiesel et Charles Dobzynski

Le 28 mars, c’est la découverte d’une 30e méditation, Bible et tragique, dont les quatre pages sont entièrement plagiées sur un ouvrage de Jean-Marie Domenach, Le retour du tragique (Le Seuil 1967). Le rabbi David Lelov, mort en 1813, y est bien cité à trois reprises entre guillemets, mais Gilles Bernheim ou son « nègre », rien n’est encore établi, lui font réciter le texte de cet écrivain, catholique par excellence, victime à la fin de sa vie d’une cabale infamante l’accusant…  d’antisémitisme !

8 avril, 9 avril, 10 avril : avec une hypothèse simple et efficace, « ce qui est vaseux est de Bernheim, c’est dans le reste qu’il faut chercher les plagiats », Jean Nehoray se plonge dans quelques chapitres pris au hasard de l’œuvre du grand rabbin et trouve rapidement les premiers indices de plagiats de textes de Jean-Loup Charvet, Joseph-Marie Verlinde ou Vladimir Jankélévitch

Pas de cabale contre Gilles Bernheim  et seulement de fausses menaces évoquées par Moché Lewin. Pas de complot non plus contre les opposants à la loi pour le mariage pour tous, la hiérarchie catholique devra  en convenir.

* * *

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1 réponse to “Ni cabale, ni menaces contre Gilles Bernheim”

  1. « La supercherie découverte, ils ne savent pas trop quoi faire. » Ont-ils cherché à joindre Gilles Bernheim, directement ou via son éditeur ?
    JND :
    demandez-leur.

     

    Michel Louis LÉVY