* Les CNU, les Comités de sélection 2011, et le plagiat d’excellence
(mis en ligne le 4 avril 2011, dernière modification le 20 avril)
Avant-propos
La publication de cet article se fait dans un contexte particulier. D’un côté, l’annonce publique par un collègue, cité sur ce blog et directement impliqué dans de graves affaires de plagiats universitaires, d’un dépôt de plainte à notre encontre décidé par « un collectif », réuni en mars 2011 en « assemblée générale » (sic).
Compte tenu de leurs réactions aux cas de plagiats que nous leurs avons signalés, nous attendons peu d’un éventuel soutien des instances de l’Université Paris 8. Ceci d’autant plus que pour une part importante des membres de ces instances, nos travaux, comme l’a récemment écrit un membre du Conseil scientifique de cette université, est d’abord une « entreprise de délation » et un « règlement de comptes » [on retrouve cet argument aussi détestable que stupide — « délation » quand il s’agît d’une critique publique clairement signée d’un texte public ! — développé dans les commentaires de Jean-Louis Perrault, maître de conférences à l’Université Rennes 1, sur le blog educpros de Pierre Dubois qui avait le premier fait état des plagiats d’A. Aït Abdelmalek].
Ces dernières imputations, aussi infondées qu’elles soient, restent infamantes et témoignent surtout de la perte des repères éthiques et déontologiques de son auteur. En effet, la dénonciation par un fonctionnaire de tout délit pénal dont il aurait connaissance dans l’exercice de ses fonctions est une obligation. Or nos recherches sur le plagiat universitaire, fondées sur des cas qui se sont imposés à nous dans le cadre de nos fonctions d’enseignant à Paris 8, ou qui nous ont été soumis par des collègues d’autres universités dans le cadre de nos recherches, nous ont bel et bien conduit à découvrir des délits : contrefaçons et fraudes.
Qui plus est, nous avons dès 2005 tenu notre hiérarchie au sein de l’Université Paris 8 informée de ces délits, sans susciter de réactions pertinentes pour les faire cesser. Si l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche était saisie, nous en lui remettrions les preuves (au point où en est la situation, l’intervention de l’I.G.A.E.N.R serait une issue à ce dossier qui permettrait de le voir traité avec plus de sérénité, à l’abri des conflits d’intérêts divers qui traversent la communauté universitaire de Paris 8).
Rappelons encore cet arrêt de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH, 23 juin 2009, Sorguc c. Turquie, n° 17089/03) où est soulignée “l’importance de la liberté universitaire, qui comprend la liberté des universitaires d’exprimer librement leurs opinions au sujet de l’institution ou du système dans lequel ils travaillent et la liberté de diffuser sans restriction le savoir et la vérité”. La seule condition est que ces travaux se fassent dans le respect des principes d’objectivité et de tolérance et en des termes non injurieux. Principes que nous nous sommes attaché à scrupuleusement respecter.
Si l’annonce d’un procès et l’attitude de membres de l’Université Paris 8 créent un contexte difficile, d’autres faits apportent au contraire des raisons d’espérer :
— d’abord la démission de Louise Peltzer, plagiaire d’Umberto Eco, de la présidence de l’Université de la Polynésie française. Une démission qui suit de quelques semaines une « lettre de rappel à la loi » adressée par la Ministre, Valérie Pécresse, à Louise Peltzer; lettre suivie de toute évidence de conseils sur la meilleure décision à prendre. Le plagiat ne paie plus.
— ensuite et surtout, la récente décision de Valérie Pécresse, de confier à Claudine Tiercelin, Professeur au Collège de France (Chaire Métaphysique et philosophie de la connaissance) « une mission sur l’éthique et la déontologie universitaires » :
On admettra que les universitaires qui travaillent depuis longtemps sur le plagiat universitaire (Michelle Bergadaa — Université de Genève — a ouvert un blog dédié à ce sujet dès 2004, Hélène Maurel Indart — Université de Tours —, spécialiste de l’intertextualité, a créé un blog à ce sujet peu après) comme l’organisation du séminaire « Le plagiat de la recherche » à l’initiative de Genevière Koubi (Paris 8 ) et Gilles Guglielmi (Paris 2), l’annonce de la tenue d’un colloque sur ce thème en octobre prochain, ou encore ce blog, ont influé sur la prise de conscience de l’importance du plagiat universitaire et de ses conséquences.
L’article qui suit montre précisément comment des affaires de plagiat peuvent aussi bien être liées à la carrière des enseignants-chercheurs qu’au dysfonctionnement des équipes dirigeantes.
Peut-on se satisfaire de processus d’évaluation qui négligent l’évaluation des évaluateurs ?
En janvier dernier, nous avions intitulé une de nos interventions sur ce blog « Plagiat, silence et excellence ». Le texte ci-dessous aurait aussi pu être publié sous ce titre.
Le printemps arrive et les « Comités de sélection », chargés d’évaluer les dossiers des candidats aux postes de Maîtres de Conférences et Professeurs, fleurissent. On observe à cette occasion que certaines sections du CNU, secouées par des affaires de plagiat universitaire, font bloc autour de ceux de leurs membres impliqués. Comment expliquer autrement la présence d’A. David et A. Aït Abdelmalek, déjà cités sur ce blog, dans des Comités de sélection pour la campagne de recrutement 2011.
Nous évoquerons ici les cas de Comités de sélection récemment mis en place liés à deux affaires de plagiats que nous avons traitées sur ce blog. Celle qui impliquait le sociologue A. Aït Abdelmalek (Ubu, vice-roi du CNU) et celle qui concernait le Professeur A. David (Nancy 2 : un cas de thèse-plagiat et Comités de sélection, plagiat et les mystères de Paris 8). Mais nous aurions pu tout aussi bien revenir sur le Comité de sélection évoqué avec l’article Thèse-plagiat : le sixième juré et les félicitations qui concerne un cas de complicité aux thèses-plagiats parmi les plus accablants.
PARIS 8 et la 71e
Amos David (Laboratoire Loria, Université Nancy 2) a été invité cette année, comme en 2010, à participer à trois Comités de sélection chargés du choix des candidats sur les postes ouverts au recrutement à Paris 8, en 71e section du CNU (Sciences de l’Information et de la Communication). Il s’agit des postes n° 615 (Medias et internationalisation de la communication), n° 815 (Sciences de l’information et de la documentation, gestion stratégique de l’information, indexation socio-sémantique de documents numériques, pratiques informationnelles) et n° 505 (Politiques et analyse des médias).
Nous avions présenté comme un cas particulièrement intéressant une thèse-plagiat aux emprunts grossiers dirigée par le Professeur A. David et soutenue en décembre 2007 à l’Université Nancy 2 (cf. Nancy 2 : un cas de thèse-plagiat). A. David est membre de la 71e section du CNU, nommé sur le contingent du Ministère. Personnalité éminente du syndicat autonome (AUTONOMESUP-CSEN) il croit donc « à la double mission de faire progresser la connaissance par la recherche et de la transmettre au plus haut niveau aux étudiants qui en ont le désir et la capacité, en développant leur esprit critique et leurs facultés d’analyse et de synthèse ».
Les plagiats maladroits de la thèse de Marie-France A-O, dirigée par A. David, mettaient indiscutablement en cause la qualité de la direction de thèse comme celle de la lecture des rapporteurs, du président et des autres membres du jury (cf. note 1). Nous avions retenu cette thèse comme un exemple d’autant plus emblématique de thèse-plagiat, que son auteur avait réalisé cette figure spectaculaire du plagiat, le copier-coller de copier-coller. Comme nous l’avions montré, l’auteur y copiait en effet un texte emprunté à une thèse de l’Université Paris 8, lui même plagiat d’une thèse soutenue à Lyon 2…
Ce curieux plagiat en chaîne n’était pas le seul lien qui réunissait à travers cette thèse-plagiat l’Université Nancy 2 à l’Université Paris 8, puisque A. David, son directeur, avait été invité dès 2010 à participer à trois Comités de sélection de l’Université Paris 8. Nous avons discuté cette information dans un article mis en ligne en mai 2010 sous le titre Comités de sélection, plagiat et les mystères de Paris 8. Nous estimions qu’un professeur qui ne distinguait pas des plagiats aussi grossiers de sa doctorante n’était pas le meilleur choix que pouvait faire Paris 8 pour ces Comités de sélection en lui confiant ainsi l’évaluation des travaux des candidats.
La sagesse aurait voulu que le professeur A. David suspende, au moins un temps, ses participations aux Comités de sélection de Paris 8. Tout indique que cette attitude raisonnable n’a pas été celle qui lui a été conseillée.
L’invitation faite par l’Université Paris 8 à Amos David de siéger aux trois Comités de sélection de la 71e section oblige à conclure que la capacité d’évaluer des travaux à leur juste valeur compte assez peu parmi les critères retenus par les instances de cette université pour désigner les membres de ses commissions.
Si l’on compare ces trois Comités de sélection 2011 de la 71e section à ceux de 2010, on notera que si Khaldoun Zreik n’est plus leur président, il reste un noyau conséquent d’auteurs « Europia » (cf. note 2).
Notons aussi, dans ces Comités de sélection de la 71e section de Paris 8, la présence du directeur du laboratoire Paragraphe qui compte probablement une des plus grandes proportions de thèses-plagiats de tous les laboratoires universitaires de France [mais Paragraphe a aussi été le pôle autour duquel se sont réunis 12 laboratoires dont le projet vient d’être élevé à la dignité « LABEX » (cf. note 3)].
De toute évidence, la composition de ces comités de la 71e section de Paris 8 résulte de l’influence d’universitaires peu intolérants au plagiat au sein du Conseil d’administration et du Conseil scientifique de cette université.
Caen : un soutien acharné de la 19e
Si on imagine un soutien discret de ses collègues du CNU au Professeur A. David, c’est une véritable campagne qui est menée par la majorité des membres CNU de sociologie (19e section) en faveur de leur ex-vice-Président A. Aït Abdelmalek.
On ne reviendra pas sur les écarts déontologiques, ni sur les plagiats de différentes natures commis par ce sociologue. On notera seulement qu’en supplément aux plagiats eux-mêmes, il est apparu que cet ancien expert de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) n’avait pas la moindre idée de ce qu’est un plagiat, faisant du plagiat comme monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir.
En réponse à l’interrogation du responsable d’une association de sociologues, la Ministre s’était prononcée pour le traitement de ce cas par son université. Il aurait donc fallu que le Conseil d’administration de Rennes 2, auquel appartenait A. Abdelmalek., décide de la réunion d’une « section disciplinaire compétente à l’égard des enseignants-chercheurs ». Au prétexte absurde que les plagiés ne s’étaient pas plaints des méfaits du plagiaire, les instances de Rennes 2 ont écarté cette solution. La direction de l’Université a cependant imposé au plagiaire sa démission du Conseil d’administration et du CNU, 19e section, ceci afin qu’il ne participe plus aux tâches d’évaluation de dossiers de collègues. Notons que dans un premier temps, ce CNU aurait envisagé de refuser cette démission.
C’est avec une certaine surprise qu’on a appris qu’à peine sorti du CNU, le professeur Abdelmalek réapparaissait dans un Comité de sélection, celui réuni par l’Université de Caen pour le recrutement en sociologie (poste 530). Il n’est pas difficile d’y voir une manœuvre réalisée en plein accord avec des collègues tolérants au plagiat.
Prévue de longue date, une Journée de réflexion autour du plagiat à laquelle nous avons été invité a été organisée le 18 mars dernier à l’Université Rennes 2. Nous n’y avons pas caché qu’avec la solution retenue (invitation à la démission du CA et du CNU), non publique, il restait des problèmes de principe : notamment, nulle part ne figure que les textes d’A. Abdelmalek mis en cause, étaient bien des plagiats, alors que le plagiaire continue à soutenir le contraire. C’est un vrai problème ne serait-ce que vis-à-vis des étudiants à qui était en principe destiné l’ouvrage rédigé par A. A. Abdelmalek qui a été contesté. C’est aussi ce qui autorise le plagiaire à prétendre encore évaluer les travaux des candidats au poste soumis au concours à l’Université de Caen.
Si on doit reconnaître que les instances de Rennes 2, contrairement à celles d’Amiens (UPJV), de Lille 2, Nancy 2 ou de Paris 8, ont souhaité traiter le cas d’un enseignant impliqué dans une affaire de plagiat — imposer ces démissions du CA et du CNU est loin d’être insignifiant — il se confirme que l’Université ne dispose pas en France de procédures qui garantissent des décisions prises à l’abri de tout conflit d’intérêts.
À l’Université Paris 8, comme à l’Université de Caen, les candidats recalés par les Comités de sélection évoqués ci-dessus auront peut-être matière à faire appel de leur sort au motif que ces comités ainsi constitués ne garantissent pas des évaluations irréprochables de leurs travaux.
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Note 1. Nancy 2 : première annulation d’une des thèses-plagiats présentées sur ce blog
La thèse de Marie-France Ango-Obiang, présentée en mai 2010 sur ce blog, a depuis été « relue » par une « section disciplinaire du CA compétente à l’égard des usagers », c’est-à-dire compétente à l’égard des seuls étudiants. La thèse a été annulée et la docteur sanctionnée de 5 ans d’exclusion de tout établissement public d’enseignement supérieur (cette durée, modeste en comparaison d’une exclusion définitive, est à mettre en regard avec le taux de 26% des seuls plagiats repérés par les « experts » de Nancy; un taux en vérité très en-deçà de la réalité de cette thèse). De manière incidente, il a été reconnu que si cette thèse n’aurait jamais dû être soutenue et validée, le Professeur Amos David avait subi d’importantes pressions dans sa propre université pour accepter la soutenance et qu’il serait donc injuste de lui faire porter seul la responsabilité de ce fiasco. On a donc choisi la solution la plus simple, mais pas la plus courageuse, de ne faire supporter cette responsabilité à personne.
Notons encore que, jusqu’à ce jour, personne parmi ceux qui ont eu à voir de près avec cette affaire, le professeur A. David en premier lieu, ne s’est soucié de faire retirer cette thèse qui est toujours accessible en ligne, avec mention du directeur de thèse et du laboratoire LORIA, sous la bannière prestigieuse « INRIA » (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique). Peut-être cette démarche sera-t-elle engagée une fois la décision d’annulation prise le 16 mars dernier rendue publique. Nous avions déjà souligné les problèmes soulevés par cette situation dans un précédent article Les bibliothécaires face aux thèses plagiats.
Note 2. Europia productions
« Europia Productions » est une entreprise créée et animée par Khaldoun Zreik. Elle organise des colloques scientifiques et en publie les actes. Un des aspects singuliers de cette maison d’édition est que parfois le directeur-éditeur trouve l’occasion d’auto-éditer ses articles-plagiats, retenus dans les colloques dont il a eu l’initiative après avoir été « expertisés par deux relecteurs au moins suivant une procédure en double aveugle (c’est le cas de le dire) », puis édités dans les actes [cf. L’accès Multilingue à l’information scientifique et technologique : limitations des moteurs de recherche en langue Arabe (CIDE 10) ou Arabic documents classification using N-gram (ICHSL.6), ou Utilisation de N-Gramme dans la recherche d’information arabe. Ces mêmes articles-plagiats peuvent être recyclés et connaître une nouvelle vie sous d’autres titres : Internet Arabic Search Engines Studies ou Arabic supervised learning method using N- gram ].
« Europia productions » fait partie d’une forme d’édition « scientifique » qui prospère aujourd’hui, bibliométrie oblige, en publiant des ouvrages destinés parfois davantage à nourrir les lignes de CV qu’à être réellement diffusés et lus. C’est aussi un puissant et efficace outil pour se créer une réseau de collègues redevables.
Note 3. Le label PLAGEX : « plagiat d’excellence »
L’appel d’offre « LABEX Laboratoires d’Excellence » (*), auquel est associé un budget important destiné aux lauréats, a été évoqué par le Président Sarkozy dès le mois de décembre 2009. Il a été officiellement lancé le 30 juillet 2010 avec une date limite de réponse fixée au 9 novembre 2010, puis repoussée au 22 novembre. Le Premier Ministre et la Ministre de l’Enseignement supérieur ont dévoilé le 25 mars 2011 la liste des 100 « laboratoires d’excellence universitaire », labélisés « LABEX », .
Le projet de Paris 8 « Laboratoire des Arts et Médiations humaines » qui vient de bénéficier de ce prestigieux label LABEX réunit 12 laboratoires de cette université, indiscutablement remarquables pour une bonne part d’entre eux.
Seuls 26 parmi les 100 labels attribués, dont celui de Paris 8, ont été décernés à des projets dans le domaine des sciences humaines et sociales. « La qualité de l’encadrement doctoral » était un des critères de sélection retenu par l’appel d’offre. On comprend donc mal les raisons pour lesquelles le Conseil scientifique de l’Université Paris 8 a choisi le Laboratoire Paragraphe, au sein duquel ont été soutenues un nombre exceptionnel de thèses-plagiats, pour être un des principaux pôles, sinon le principal, du projet maison. Mais on comprend aussi mieux le comportement des instances de l’Université Paris 8 vis-à-vis des situations concernant le plagiat exposées sur ce blog Archéologie du copier-coller. Le calendrier du processus d’annulation des trois premières thèses-plagiats soutenues au laboratoire Paragraphe et présentées sur ce blog (cf. ici la première, la deuxième et la troisième) a de toute évidence été adapté à celui ce l’appel d’offre LABEX. À ce jour, aucune thèse-plagiat ne semble avoir encore été annulée.
Devrait-on savoir gré à l’Université de Paris 8, aux « jurys internationaux » réunis par les cabinets-conseils privés, et au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’avoir fait ainsi surgir un nouveau label « PLAGEX », celui du « Plagiat d’excellence » auquel pourrait légitimement aspirer tout laboratoire dont « la qualité de l’encadrement doctoral » lui permettrait d’afficher un taux record de thèses-plagiats.
On s’étonne que certains des directeurs des autres 11 laboratoires associés à ce projet de Paris 8, parmi les plus réputés dans leur domaine, aient dû intégrer un si curieux équipage avec un laboratoire certes exceptionnel à bien des égards, mais aussi remarquable par son degré de tolérance au plagiat.
Nous avons déjà observé que dans des affaires de plagiat on assiste à de véritables prises d’otages de la communauté universitaire par des collègues plagiaires, ou tolérants au plagiat. Il semble qu’on ait ici un cas d’école de ce phénomène.
Il reste une autre hypothèse, moins probable mais qu’on ne peut pas exclure : le Conseil scientifique de l’Université Paris 8 avait déjà en janvier 2011 dit tout le mal qu’il pensait de cet appel d’offre, cette prétendue « politique d’excellence » (**) du gouvernement. C’est donc peut-être par provocation vis-à-vis des cabinets-conseils chargés de l’évaluation des projets que le Conseil scientifique a accepté que le pôle plagiat soit en flèche de cet attelage de 12 laboratoires, pour la plupart éminents.
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(*) lire aussi : La grande patouille des Labex, par Henri Audier, co-fondateur de Sauvons la recherche (SLU); et «Son Excellence l’excellence»: radiographie d’une imposture (1 & 2), par Pascal Maillard (MC-Université de Strasbourg), sur Mediapart.
(**) on lira à la suite, et pour compléter cette information, le communiqué de l’Université Paris 8 et la réaction du Président Pascal Binczak à l’attribution du label LABEX. Y est mis en évidence (cf. l’équipe pilote du projet) le rôle leader du laboratoire Paragraphe dans ce projet.
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Pierre DUBOIS est professeur honoraire de socilologie :
Chronique longue, détaillée, référencée et fort courageuse. Ne flanchez pas.
Protégez-vous cependant et, même, n’hésitez pas à préparer une mutation dans une autre université si la situation devient invivable pour vous à Paris 8.
Tout ce que vous écrivez est presque incroyable mais les faits que vous décrivez sont réels. Le plagiat a donc un bel avenir devant lui.
J’aime beaucoup l’hypothèse provocatrice pour la LABEX : piéger les évaluateurs.
Bien cordialement.
Pierre DUBOIS
Pierre DUBOIS
avril 4th, 2011 at 4:17 lien permanent
Olivier ERTZSCHEID est maître de Conférences en Sciences de l’information et de la communication :
Bravo pour tout ce travail d’enquête scientifique.
Et chapeau pour le courage qui le sous-tend.
Cordialement,
O. E.
Olivier ERTZSCHEID
avril 7th, 2011 at 5:06 lien permanent
O. E., merci pour ce dernier mail.
Une remarque cependant : le terme « scientifique », à force d’être galvaudé, particulièrement dans les « Sciences » de l’Information et de la Communication, n’est même plus élogieux. On y trouve, j’en ai déjà cité plusieurs, des thèses et articles qui sont à la fois du « copier-coller » & « scientifiques (sic) ».
Concernant mon travail, un simple « rigoureux » convient parfaitement.
JND
Jean-Noël DARDE
avril 9th, 2011 at 9:53 lien permanent
Le plagiat existe mais à mes yeux c’est un épiphénomène. C’est tellement simple de récupérer les données d’un chercheur puis de mettre d’autres personnes à sa place sur un article…
Il y a d’ailleurs des cas de népotismes lourds que le Ministère ne condamne pas.
Il y a des cas d’harcellement monstrueux qui poussent parfois des chercheurs à accepter que des textes soient publiés en leur nom sans qu’ils puissent s’opposer à une seule ligne. C’est le cas de bon nombre de doctorant pour qui le directeur de thèse réécrit tout. Aussi si le plagiat existe il faut le trouver dans l’oeuvre néfaste de DR INSERM ou CNRS ou Professeur d’université qui oriente le texte et cautionnent les plagiats.
Enfin, chacun à son ethique à son niveau 🙂
Yannick Comenge
juin 13th, 2011 at 9:39 lien permanent