1 – Plagiat universitaire : Paris 8 et les belles entourloupes

Posté par Jean-Noël Darde

Dernières modifications, le 7 mai 2014.

« … nous avons servi de caution à une belle entourloupe« , 1er décembre 2011, Jacques Robert, ancien membre du Conseil constitutionnel (1989-1998) et membre du Comité d’éthique de l’université Paris-8.

Le Comité d’éthique de l’université Paris-8 a été mis en place par le Conseil scientifique à la fin de l’année 2012. Alain Quemin, professeur de sociologie de l’Art et membre honoraire de l’Institut universitaire de France en a eu l’initiative. Il souhaitait voir le comité d’éthique traiter des dossiers de plagiats en souffrance. Mario Barra Jover, vice-président du CS, s’était finalement rallié à cet avis ne serait-ce pour que les questions sur le plagiat et les plagiaires de Paris-8 ne viennent plus perturber les séances du conseil – quelques rares enseignants-chercheurs osaient en effet encore évoquer les cas de plagiats et de plagiaires impunis au conseil scientifique provoquant immanquablement le courroux de Danielle Tartakowsky, présidente de Paris-8.

Incidemment, Mario Barra Jover s’était engagé à expliquer, documents à l’appui, pourquoi la Commission déontologie dont il était membre avait choisi de ne pas sanctionner le plagiat…  « qui n’était qu’apparent« . La séance promise de magie n’a jamais eu lieu.

À la suite de mes alertes, de graves cas de plagiats, qui n’étaient pas seulement apparences, ont été portés à la connaissance de trois présidents successifs de l’Université Paris-8 – Pierre Lunel, Pascal Binczak et Danielle Tartakowsky. J’avais constaté ces cas de plagiats grossiers dans le cadre de mes fonctions à Paris-8 ; ils concernaient d’abord des doctorants et des enseignants-plagiaires du département Hypermédia et du laboratoire Paragraphe, laboratoire rattaché à l’École doctorale Cognition, langage, Interaction.

Aucun membre du Conseil scientifique de Paris-8 et aucun membre du Comité d’éthique ne peut prétendre ignorer les interventions d’Alain Quemin pour faire cesser le scandale du plagiat impuni, des interventions d’autant plus courageuses que solitaires. Alain Quemin a soutenu le projet de l’organisation par le Comité d’éthique de Paris-8 d’un colloque sur le plagiat dans la mesure où ce colloque devait conclure une période de prise en compte des cas concrets de plagiat à Paris-8. Une fois constaté que ce colloque « visait seulement à enterrer définitivement des cas restés impunis en brassant beaucoup d’air sur des notions abstraites mais en évitant soigneusement de traiter des cas concrets, contrairement aux engagements pris à sa création« , Alain Quemin a fait part de sa démission à tous les membres du Comité d’éthique de Paris-8.

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LE COMITÉ D’ÉTHIQUE DE PARIS 8

Par le jeu des majorités dans les conseils (CS, CA et CEVU), Michèle Montreuil – psychologue clinicienne, élue à la 17e section du CNU, alignée sur les positions de la direction de Paris-8, a été élue présidente du Comité d’éthique de Paris-8. La sur-représentation dans le Comité d’éthique de Paris-8 de membres liés à la psychologie atteste du soin que Michèle Montreuil a porté personnellement au choix des membres de ce comité.

On peut lire sur le site internet de Paris-8 « La promotion du comité d’éthique de l’université Paris-8 s’inscrit dans le cadre d’une démarche qui se développe en France et sur le plan international« . On y insiste sur sa composition irréprochable –  respect d’une parité hommes femmes et d’une parité entre les membres de Paris-8 et les membres extérieurs –, mais cette présentation oublie la forte sur-représentation des psychologues et apparentés en comparaison des membres d’autres disciplines et domaines universitaires :

– Michèle Montreuil, Présidente du comité d’éthique. Professeur de psychologie clinique, à Paris-8

– Eduardo Marquez, Vice-président du comité d’éthique, maître de conférences de psychologie sociale à Paris-8.

– Yves Claisse, Vice-président du comité d’éthique. Avocat spécialisé en droit pénal, public et affaires réglementaires aux barreaux de Paris et Versailles, membre du comité d’éthique d’ADEF Résidences.

– Carole Letrouit, secrétaire du comité d’éthique, directrice de la bibliothèque universitaire de Paris-8.

– Alain Quemin, Professeur de sociologie à Paris-8.

– Isabelle Varescon, Professeur de psychopathologie et membre du comité d’éthique pour la recherche à l’Université Paris-Descartes.

– Cécile Bourdais, maitre de conférences de psychologie du développement à Paris-8, désignée par le CEVU.

– Jean Baruch, Président de la mutuelle Intégrance pour les personnes handicapées, Président honoraire de l’UNAFTC.

– Denis Bertrand, Professeur de littérature à Paris-8.

– Sophie Crozier, docteur en médecine spécialisée en neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et docteur en Ethique Sciences Santé et Société, membre du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin.

– Christine de Guardia, juriste, sous directrice à la direction des affaires juridiques et fiscales de la compagnie de Saint-Gobain.

– Jacques Robert, Professeur Agrégé de droit public, Président de l’Institut Français de Droit Comparé, ancien président de l’université Paris 2 Assas, ancien membre du conseil constitutionnel.

Sources : copier-coller le 4 mai 2014 depuis le site de l’université Paris-8 : http://www.univ-paris8.fr/Le-comite-d-ethique (comme nous l’avons déjà indiqué, Alain Quemin, démissionnaire, n’est plus membre de ce comité d’éthique depuis plusieurs semaines).

Notons que cette presque parité dans le comité d’éthique de Paris-8 entre un groupe de psychologues et apparentés d’une part et les non-psychologues de l’autre est un des facteurs qui a indiscutablement freiné l’expression critique à propos des avis et décisions de Michèle Montreuil, présidente de ce comité.

On ne saurait contester l’autorité de certains membres extérieurs de ce comité d’éthique cooptés par Michèle Montreuil, ainsi, par exemple : Jacques Robert, ancien membre du Conseil Constitutionnel, Isabelle Varescon, membre du comité d’éthique pour la recherche à l’Université Paris-Descartes ou Sophie Crozier, membre du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin. On se demande seulement ce qu’ils font dans cette galère.

Aujourd’hui, dix-huit mois après la création du Comité d’éthique de Paris-8, la question se pose dans les mêmes termes que Jacques Robert utilisait en 2011 pour commenter un épisode qu’il a vécu au Conseil constitutionnel (cf. Le Monde du 1 décembre 2011) : les membres extérieurs de ce comité d’éthique de Paris-8 ont-ils d’abord « servi de caution à une belle entourloupe » ?

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DE  BELLES  ENTOURLOUPES  ?

"Ce colloque est organisé par le comité d’éthique de l’université Paris 8, présidé par le Professeur Michèle Montreuil, avec le concours des écoles doctorales."

« Ce colloque est organisé par le comité d’éthique de l’université Paris-8, présidé par le Professeur Michèle Montreuil, avec le concours des écoles doctorales. »

Organiser un colloque sur le plagiat en associant à sa préparation et son organisation un enseignant-plagiaire et des enseignants-chercheurs qui ont couvert des thèses plagiaires mérite indiscutablement d’être qualifié d’entourloupe – entourloupe, dans le sens de tromperie  comme il est utilisé par Jacques Robert.

Il y a entourloupe vis-à-vis de tous les naïfs qui voient dans l’organisation d’un tel colloque le signe d’une réelle volonté à Paris-8 d’affronter le fléau du plagiat.

De plus, s’il s’avère que la confiance des membres extérieurs à Paris-8 cooptés pour siéger au comité d’éthique a été abusée, leurs faire partager et porter la responsabilité de l’organisation d’une telle mascarade serait aussi une « belle entourloupe » qui risque d’atteindre leur réputation personnelle, mais aussi, indirectement, la réputation des instances d’où ces membres extérieurs tirent leur autorité comme membre du « Comité d’éthique » de Paris-8. Ces instances sont d’ailleurs citées à la suite de leurs noms sur la page « Comité d’éthique » du site internet de Paris 8, ainsi, par exemple, le Comité d’éthique pour la recherche à l’Université Paris-Descartes ou le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin.

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Qui sont les directeurs d’écoles doctorales associés à l’organisation du colloque « Approche éthique du plagiat » ?

Imad SALEH, directeur de l'école doctorale "Cognition, langage, interaction".

Imad SALEH, directeur de l’école doctorale « Cognition, langage, interaction ».

Dans le texte qui accompagne la présentation du colloque « Approche éthique du plagiat : regards croisés » (voir-ci dessus), il est bien précisé qu’il est organisé « avec le concours des écoles doctorales » de Paris-8. Ce qui signifie d’abord avec les directeurs d’écoles doctorales comme en attestent les mails qui ont été échangés en novembre et décembre 2013 au moment où étaient décidés la teneur et les auteurs des communications retenues pour le colloque du 20 mai 2014.

Ces mails ont en effet été adressés aux membres du comité d’éthique – membres de Paris-8 et membres extérieurs – mais aussi à Imad Saleh, directeur de l’école doctorale Cognition, langage, Interaction (voir ci-contre), à Christian Doumet et Laurence Gavarini, respectivement directeur et directeur-adjoint de l’école doctorale Pratiques et théories du sens, à Jean-Philippe Antoine, directeur de l’école doctorale Esthétique, sciences et technologies des Arts, à Alain Bertho, alors encore directeur de l’école doctorale Sciences sociales, et à Mario Barra Jover, ancien directeur de l’école Cognition, langage, Interaction, qui a laissé sa place à Imad Saleh quand il a été élu président du Conseil scientifique de Paris-8.

Aussi difficile que ce soit à croire, il y a parmi ces collègues associés à la préparation du colloque Approche éthique du plagiat un directeur d’école doctorale plagiaire (accessoirement membre du CNU de la 71e section) et des collègues qui au titre même de leurs fonctions de directeurs d’écoles doctorales ont dans le cadre d’une Commission déontologie « expertisé » et validé une thèse à près de 100% plagiaire…

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Un Directeur d’école doctorale plagiaire… co-organisateur du colloque Approche éthique du plagiat ?

Le plagiat parfait d'Imad Saleh, directeur d'école doctorale, membre du Conseil national des universités, et co-organisateur à l'Université Paris 8 du colloque "Approche éthique du plagiat".

Le plagiat parfait d’Imad Saleh, directeur d’école doctorale, membre du Conseil national des universités, et co-organisateur à l’Université Paris-8 du colloque « Approche éthique du plagiat ».

Incroyable mais vrai !

En effet, que voit-on dans l’illustration ci-contre  ?

À droite, figure le début – abstract et introduction – d’un article co-signé par Rodrigo Magalhães, « Proposals for an Agile Business Process Management Methodology« . Cette communication a été présentée au IWODE09 (First International Workshop on Organizational Design and Engineering) qui s’est tenu à Lisbonne le 11 et 12 décembre 2009.
À gauche, on trouve le plagiat parfait : Imad Saleh a simplement substitué son nom à celui de Rodrigo Magalhães et a présenté « son » article en 2011 à la conférence Multimedia Computing and Systems (ICMCS, parrainée par l’IEE) qui s’est tenue du 6 au 8 avril 2011 à Ouarzazate, au Maroc…

Les parties surlignées en jaune sont identiques d’un article à l’autre. Le paragraphe surligné en rouge est un des quelques paragraphes de l’article original à avoir échappé au copier-coller. Remarquons aussi que le plagié, Rodrigo Magalhães, n’était rien moins qu’ « executive chair » du colloque, l’IWODE09, où il a co-présenté cette communication.

Cet article plagiaire s'affiche sur le site internet de la Commission permanente du Conseil national des universités (www.cpcnu.fr) en toute connaissance de sa nature par les membres du bureau de la CP-CNU.

Cet article plagiaire s’affiche sur le site internet de la Commission permanente du Conseil national des universités (www.cpcnu.fr) en toute connaissance de sa nature par les membres du bureau de la CP-CNU.

Les soutiens du plagiaire – ils n’en manquent pas à la direction de l’université Paris-8, à la 71e section du CNU et jusqu’au Bureau de la Commission permanente du Conseil national des universités (CP-CNU) – auraient eu tôt fait de trouver la parade et de bons arguments pour se porter au secours du directeur d’école doctorale et membre du CNU plagiaire : le co-signataire des deux articles, Rachid Meziani, n’aurait-il pas de lui-même, pour des raisons restées mystérieuses, substitué le nom d’Imad Saleh à celui de son premier co-signataire du même article, Rodrigo Magalhães ? Et cette opération ce serait déroulée à l’insu d’Imad Saleh… qu’il serait alors injuste d’accabler.

L’idée était belle, la ficelle était grosse mais cela aurait suffi à un public universitaire peu soucieux de vraisemblance quand il s’agit de défendre l’indéfendable…

Malheureusement, Imad Saleh a revendiqué haut et fort cet article sur ses propres CV. Pire encore, il a fait valoir cet article pour se faire élire en 2012 à la 71e section du CNU et l’a mentionné sur une fiche publiée par le site officiel de la Commission permanente du Conseil national des universités. Cet article, pour ce qui le concerne 100% plagiaire, apparaît en effet en tête de ses « 5 publications caractéristiques des domaines de spécialité » ! Cette fiche « CP-CNU » (ci-dessus) en atteste. Dominique Faudot, présidente de la CP-CNU et parfaitement informée de cette curiosité, n’y trouve rien à redire et cette fiche est donc aujourd’hui toujours en ligne à www.cpcnu.fr .

Si on passe à l’œuvre suivante citée sur cette fiche de la CP-CNU, caractéristique « des domaines de spécialité » d’Imad Saleh, co-organisateur du colloque Approche éthique du plagiat, on tombe à nouveau sur un article outrageusement plagiaire : «E-government: ITIL-Based Service Management Case Study ». Comble de l’activité plagiaire, Imad Saleh a présenté cette communication-plagiat au colloque iiWAS2010, dont il était président du Comité d’organisation !

Pour revenir au Comité d’éthique, ajoutons que sa présidente Michèle Montreuil, directrice du Laboratoire de psychopathologie et de neuropsychologie (EA 2027) – un des sept laboratoires qui constituent l’école doctorale Cognition, langage, interaction – et directrice adjointe de l’école doctoral Cognition, langage, interaction, a participé à la désignation de notre collègue plagiaire Imad Saleh comme directeur de cette école doctorale CLI… de même que Mario Barro Jover, ancien directeur de cette même école doctorale et aujourd’hui vice-président du Conseil scientifique de Paris-8.

Un enseignant-plagiaire devenu directeur d’école doctorale avec l’appui du président du Conseil scientifique (Mario Barra Jover) et de la future présidente du Comité d’éthique (Michèle Montreuil)… c’est une situation qui a cours à Paris-8 mais doit ne pas avoir d’équivalent dans toutes les universités françaises, et même européennes…

Si on ajoute que ce même enseignant-plagiaire a été associé, à l’initiative de la même présidente du Comité d’éthique, à l’organisation d’un colloque « Approche éthique du plagiat« …  Il faut saluer la performance !

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Des directeurs d’écoles doctorales qui ont « expertisé » et validé une thèse à près de 100% plagiaire… co-organisateur du colloque Approche éthique du plagiat  ?

En février 2010, une Commission déontologie a été créée à la suite de mes alertes. Pascal Binczak, aujourd’hui président du PRES Paris-Lumières qui réunit Paris-8 et Paris-10-Nanterre, était alors président de Paris 8. La Commission déontologie comprenait neuf membres : les vice-présidents  du CS , du CA, et du CEVU, les quatre directeurs d’écoles doctorales – Mario Barra Jover pour Cognition, langage, interaction, Laurence Gavarini, alors directrice de l’école doctorale Pratiques et théories du sens, Alain Bertho de l’école doctorale Sciences sociales et Jean-Paul Olive, auquel succèdera Jean-Philippe Antoine, comme directeur de l’école doctorale Esthétique, sciences et technologies des Arts – et deux autres membres anonymes du CS.

Ces neufs membres avaient la tâche d’expertiser et prendre une éventuelle décision d’annulation des thèses contestées. J’avais en 2010 saisi Élisabeth Bautier, vice-présidente du CS et comme telle présidente de la Commission déontologie, d’un nombre important de thèses plagiaires soutenues au laboratoire Paragraphe. Cette Commission déontologie, n’en a semble-t-il expertisé que deux. L’expertise de la première – thèse dirigée par Kaldoun Zreik et dont Imad Saleh avait été membre du jury de soutenance – était facile à faire puisque ses 80% de copier-coller étaient déjà en ligne  sur le blog Archéologie du copier-coller

Pour examiner la seconde thèse, les neuf membres de la Commisssion déontologie ont mobilisé toutes leurs compétences. Après une « expertise » approfondie qui s’est prolongé plus d’un an, ils ont finalement validé une thèse… à près de 100% plagiaire ! je l’ai démontré quelques mois plus tard dans l’étude L’université Paris-8, sa direction, sa Commission déontologie et sa thèse-pur-plagiat écrite « sous le signe de l’excellence ».
On retrouve pour une bonne part les mêmes noms entre les directeurs d’écoles doctorales qui ont validé cette thèse à près de 100% plagiaire et les directeurs d’écoles doctorales invités par Michèle Montreuil à participer à la préparation du colloque Approche éthique du plagiat.

Le total aveuglement au plagiat – pour ne retenir que l’hypothèse qui leur est la plus favorable – est-il le meilleur critère pour être retenu pour organiser un colloque Approche éthique du plagiat ?

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Que peut faire l’Inspection générale ? … Rien

Dans une telle situation, personne ne reprochera à l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) de ne rien faire… puisque qu’elle ne peut rien faire….  En effet, l’Inspection générale n’a ni le pouvoir ni le droit de s’auto-saisir de ce type d’enquête.

Jean-Richard Cytermann, nommé en février dernier à la tête de l’Inspection générale, a pris intérêt à la lecture du dossier que je lui ai communiqué à propos de l’organisation de ce colloque, il n’a pu cependant que me répondre qu’il n’avait malheureusement pas le pouvoir de s’en saisir. L’Inspection générale ne pouvant être saisie que par  le président de l’Université concernée ou le ministre.

Dans une affaire récente, le cas Marchal/Sixou/Toulouse évoqué en janvier dernier sur ce blog, c’est le président de l’université de Toulouse 3, Bertrand Monthubert, qui s’est finalement décidé à saisir l’Inspection générale. L’enquête est en cours. L’attitude de Danielle Tartakowsky et de Pascal Binczak dans ces affaires ayant été ce qu’elle a été, on voit mal la présidente de Paris-8 ou le président du PRES Paris-Lumières (Paris-8 + Paris-10) demander à l’Inspection générale de faire la… lumière sur ces affaires où l’on voit les présidents successifs de Paris-8 s’acharner à renouveler régulièrement leur confiance à leurs enseignants-plagiaires.

Comme me l’a aussi rappelé Jean-Richard Cytermann, la détection de plagiat n’est naturellement pas en soi une des missions de l’Inspection générale. Il reste qu’ici, plus que les simples et lamentables plagiats d’un enseignant-chercheur, c’est bien la mise en place d’une protection élaborée du plagiaire par de multiples instances universitaires, jusqu’aux plus hautes instances, qui font scandale. Il y a de toute évidence un problème qui devrait imposer la saisie de l’Inspection générale par Geneviève Fioraso, Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche ou Benoît Hamon, Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, puisque qu’il est illusoire de compter sur Danielle Tartakowsky, présidente de Paris-8 ou Pascal Binczak, président du PRES Paris-Lumières, pour le faire.

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Que va faire Benoît Hamon ? … Probablement rien…

Aujourd’hui ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Benoît Hamon a été membre du Conseil d’Administration, puis professeur associé de l’Université Paris-8 au moment où ont été lancées les premières alertes concernant un important stock de thèses-plagiaires puis la mise en cause d’enseignants-plagiaires.

Son nom ayant été associé à celui de Paris-8, Benoît Hamon devrait donc être d’autant plus enclin à permettre de faire la lumière sur ces affaires de plagiat. En outre, une Université irréprochable conviendrait à la République irréprochable prônée par le Président François Hollande.

Manuel Valls a eu la bonne idée quand il était ministre de l’intérieur de permettre à tous les citoyens témoins d’éventuelles abus et bavures des forces de l’ordre d’alerter et saisir « la police des police », l’Inspection générale des services – IGS. Il n’y aurait qu’avantage à ce que Benoît Hamon suive l’exemple donné par l’actuel premier ministre et élargisse les conditions de saisies de l’Inspection générale en cas d’abus patents et de bavures d’enseignants-chercheurs et d’instances universitaires.

Malgré toutes les bonnes raisons que Benoît Hamon aurait de saisir l’Inspection générale à propos de ces affaires, il reste peu probable qu’il ait le courage de le faire.

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Dans sa dernière version (diffusée le 5 mai), le programme annonce une ouverture du colloque par Jacques Robert, ancien membre du Conseil constitutionnel, plutôt que par Alain Grimfeld, ancien Président du Comité consultatif national d’éthique, qui était initialement prévu.

Dans sa dernière version (diffusée le 5 mai), le programme annonce une ouverture du colloque par Jacques Robert, ancien membre du Conseil constitutionnel, plutôt que par Alain Grimfeld, ancien Président du Comité consultatif national d’éthique, qui était initialement prévu.

À SUIVRE :

Les noms de membres extérieurs du comité d’éthique de Paris 8 et ceux d’intervenants au colloque Approche éthique du plagiat ont-ils été instrumentalisés à l’insu de leur plein gré  ?

Dans la deuxième partie de ce dossier, à paraître ultérieurement, nous étudierons plus précisément le rôle – ou l’absence de rôle – des membres extérieurs du Comité d’éthique de Paris 8 dans l’organisation de ce colloque.

L’instrumentalisation de certains des  membres extérieurs de ce comité d’éthique (notamment celui de Jacques Robert, ancien membre du Conseil constitutionnel), comme l’instrumentalisation des noms des intervenants prévus, notamment celui d’Alain Grimfeld, ancien Président du Comité consultatif national d’éthique (pour donner encore plus de l’éclat à cette opération Approche éthique du plagiat, Michèle Montreuil avait d’abord sollicité un autre « grand témoin », Jean Claude Ameisen, actuel président du CCNE et enseignant à l’EHESS).

Le programme du colloque Approche éthique du plagiat : regards croisés en format pdf :

Version 1 (décembre 2013, Pré-programme COLLOQUE Ethique et plagiat UP8)

Version 2 (avril 2014, COLLOQUE_Approche Ethique_du_plagiat).

Version 3 (5 mai 2014, Approche ethique mai 2014).

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Où on parle du colloque de Paris 8 Approche éthique du plagiat :

Une éthique de façade (7 mai 2014, blog d’Hélène Maurel-Indart, professeur de littérature à l’Université de Tours)

Entourloupe à Paris 8 : des plagiaires organisent un colloque sur le plagiat, et des ‘experts’ cautionnent (6 mai 2014, blog d’Hervé Maisonneuve, médecin, ancien professeur associé à la Faculté de médecine Paris-Sud 11)

Encore une entourloupe : colloque sur le plagiat et des médecins cautionnent (1er mai 2014, blog d’Hervé Maisonneuve,, médecin, ancien professeur associé à la Faculté de médecine Paris-Sud 11)

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3 réponses to “1 – Plagiat universitaire : Paris 8 et les belles entourloupes”

  1. Marie-Domitile Porcheron. Maître de conférences en Histoire de l’art moderne et contemporain, Université Picardie Jules-Verne. Ancienne secrétaire de la section 324 du SNESUP à l’UPJV.
    Cher Jean-Noël,
    Comme toujours (« toujours », nous n’en avons pas fini avec le plagiat), votre article est clair, compétent et désolant quant à son fond !
    À Amiens, notre enseignant-plagiaire maison est désormais « blanchi », puisqu’il est passé devant la commission disciplinaire… Cela n’aura été qu’un incident de parcours et le temps a fait le reste.
    Amitiés combatives quoique toujours désolées,
    Marie-Domitille Porcheron

     

    Marie-Domitille Porcheron

  2. Jean-Marc LEPERS était maître de conférences en sciences de l’information et de la communication au département Hypermedia de l’Université Paris 8 et membre du Laboratoire Paragraphe (aujourd’hui, retraité).
    Comme on dit encore dans la langue vivante : « Après ça, y’a plus qu’à tirer l’échelle… » faisant allusion à l’échelle sur laquelle grimpaient ceux qui avaient été jugés mériter la corde. Mais l’époque a changé, et de bien étrange façon.
    Il y a eu le scandale du grand rabbin de France Gilles Bernheim. Mais lui, pris la main dans le plagiat, s’est rapidement résolu à démissionner.
    À l’université, on voit que les divers menteurs et falsificateurs, appelés plagiaires font des carrières confortables…
    Ce qui amène à se poser une question gênante, mais inévitable : et si l’aptitude à la falsification, qualité encore relativement rare dans les milieux universitaires, devenait un critère de sélection, évidemment inavoué en tant que tel, pour recruter les membres de ses instances de direction ?
    Jean-Marc LEPERS
    Rép. J.-N. D. : Gilles Bernheim, le plagiaire de Jean-François Lyotard (et d’autres…) a démissionné moins d’un mois après que l’affaire a éclaté dans la presse parce que des voix autorisées de la communauté juive l’ont vivement incité à le faire.
    Rien de tel ici : on voit un membre du Conseil national des universités, Imad saleh, étaler ses grossiers plagiats avec l’accord de la Commission permanente du Conseil national des universités… et co-organiser un colloque « Approche éthique du plagiat » !
    Les réactions sont rares, dans la presse comme dans les instances universitaires.
    Mais les faits sont là, irréfutables : c’est ça qui gêne… Ta (bonne) « question gênante » aussi…

     

    Jean-Marc Lepers

  3. Loys Bonod, professeur de lycée à Paris, est l’auteur et l’éditeur du site laviemoderne.net
    Le plagiat universitaire devenant quasi-institutionnel avec la tenue de ce colloque, je vais m’empresser de prévenir mes lycéens que le copier-coller, c’est l’avenir… au moins à Paris 8 – Paris Lumière !
    Loys Bonod

     

    Loys Bonod